Dans l'arène en fer

Publié le par run.s

Un texte écrit pour "la petite fabrique d'écriture" dont le thème était "Ca va chauffer"

 

Dans l'arène en fer

 

J'étais pas le plus fort et je le savais.

Ils le savaient aussi...

Des 10 que nous étions, un seul sortirait vivant.

Je préférais que ce soit moi.

Mais j'avais pas la moindre idée du comment.

 

La grille s'ouvre en même temps que le gaz se répand du fond de l'étroite cellule. Et ce gaz là, croyez-moi, il est pas fait pour les poumons.

Nous sortons en désordre.

Ca chauffe d'entrée.

Mais bientôt, ce sera pire encore...

 

Au milieu de l'arène, ce petit cube d'amiante. 30x30x30 cms.

Partout ailleurs, du métal : le sol, les murs, le ciel.

De larges plaques de métal gris. Qui ne vont pas tarder à passer au rouge.

Ca, pour chauffer...

 

La chaleur va monter, puis la douleur, puis la folie et la violence. Dans l'unique espoir de rester sur le cube. Seul endroit froid. Le salut du dernier.

Seul endroit où la peau ne se décolle pas...

Les regards ont déjà jaugé les forces en présence. En esprit on sait déjà comment et où frapper. Pour que ce soit rapide et définitif. Pour avoir une chance de rester une seconde de plus sur le cube.

La chaleur devient intenable.

Le groupe se rue au milieu de l'arène. Les premiers coups sont échangés. Le plus rapide monte sur le piédestal. Heurté de plein fouet, il est projetté au loin. Son dos grésille sur le métal surchauffé. D'un bond il est debout. Défiguré par son cri et la douleur, il retourne dans la mêlée.

 

Loin de tout ce tumulte, je tourne en rond.

Trois p'tits bonds sur un pied, je souffle sur la plante de l'autre. Trois p'tits bonds sur l'autre, je souffle sur la plante de l'un. Surveillant du coin de l'oeil l'occasion du larron. Qui ne tarde pas.

Il ne me faut que quelques pas. Pour avoir mon propre piédestal. Le grésillement écoeurant monte à mes oreilles. Tandis que l'atroce odeur envahit mes narines.

Le choix de ne pas supporter ça ? Y'en a pas.

 

Le pathétique combat se poursuit là-bas. L'allié d'il y a quelques secondes devient l'ennemi acharné. Les corps résonnent de coups. Basculent de douleur. Tremblent de fatigue. Fondent de chaleur. Ca n'en finit pas...

 

S'il ne doit en rester qu'un, ce sera moi.

Pour le moment, y'en a un de trop.

Il faut que ce soit lui.

Que feriez-vous à ma place ?

 

Pour rester vivant la minute d'après, il me faut l'éliminer.

C'est une masse de chair aux membres épais. Mais épuisés. Statue brûlée aux lambeaux pendants. Il se tient chancelant, sur ses 30 centimètres carrés. Hagard.

 

Les ondes de chaleur brouillent ma vision.

Les gouttes de sueur n'atteignent plus le sol. Evaporées avant. Les yeux brûlent dans leurs orbites. Les poumons saturés respirent l'enfer. Au delà de la douleur s'annonce l'abandon.

 

Maintenant ou jamais. Tête baissée, épaules remontées. Propulsion. Impact sans merci. Juste là.

 

Et c'est fini.

Je ne pensais pas que ce serait si facile.

Je l'ai bousculé, il est tombé. Il ne s'est pas relevé.

 

Le cube m'élève vers le ciel.

C'est la récompense du dernier.

La chaleur s'estompe.

Je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi.

Que feront de moi ces maudits joueurs de vie ?

 

J'espère seulement que pour aujourd'hui, ça a assez chauffé comme ça...

Publié dans Nouvelles

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